Chère moi...

Hier, j'ai commencé à m'écrire des lettres.
Selon la forme officielle d'une lettre : je date (j'heure, même; réflexe de surprécision que j'ai toujours eu...) et j'adresse.
Et je m'écris à la 2e deuxième personne.... "Chère Zia, tu as présentement 20 ans."

Et je m'écris, et je me raconte. Comme à un étranger, mais à qui on peut tout dire sans tout expliquer... parce qu'il sait déjà... J'ai l'impression d'écrire au Père Noël...

Il y a longtemps que je voulais m'écrire... Et c'est un peu ce que je fais ici, vous me direz. Oui et non. C'était plus vrai au début que maintenant. Maintenant, je sais (ou à la limite, je l'espère) que je suis lu et c'est de plus en plus à vous, lecteurs, que je m'adresse. J'écris, de plus en plus consciente de votre regard sur mon blog, votre oeil dans ma vie... ou plutôt ces quelques fragments d'un tout qui s'éparpillent...

Chers lecteurs, je vous ai repoussés, j'ai voulu vous oubliez ou vous croire existants lorsque vous ne l'étiez pas, je vous ai craint, je vous crains encore parfois, et je vous ai aussi apprécié.... Mais dorénavant, j'ai dû vous faire une place chez moi, en espérant le meilleur et en appréhendant le pire... Et je me suis censurée, parfois. Je ne saurais vous mentir en vous disant le contraire...

Cette auto-censure, c'est à moi qu'elle fait le plus mal, évidemment. Surtout le plus honte... Avec cet aveu, mon bel orgueil en prend un coup... Mais tant pis. Je l'accepte. Mieux que je me croyais capable de le faire.
Ce processus, ma prise de conscience du "public", m'a appris bien des choses. J'expérimente, semi-consciemment, une espèce de socialisation... C'est étrange. Mais j'apprends à mieux me connaître à travers l'expérience. Je comprends que cette censure n'est pas nécessairement une "mauvaise" chose; qu'elle est nécessaire, et volontaire. J'essaie de savoir pourquoi... Des milliers de pourquois...

Donc hier, j'ai pris un grand cahier... "Chère Zia, tu as présentement 20 ans."
J'ai écrit à la Zia de 30 ans... ou peut-être de 22...

La Zia de 30 ans aura peut-être compris bien des choses avec le temps... J'espère qu'elle ne raillera pas la petite de 20 ans... J'espère qu'elle n'oubliera pas comment on peut se sentir...

J'ai l'impression d'écrire à quelqu'un d'autre, quelqu'un qui sait déjà... J'ai peur de moi-même, faut-il que je sois insécure !
Et si je ne lisais jamais ces lettres que je me suis adressées ?

Alors, peut-être, un autre les lira... Ou elles finiront dans un musée, dans une thématique sur "l'âge du papier"...
Ou peut-être est-ce ce que je veux croire... Tout sauf penser qu'elles brûleront sans être lues...
Je ne peux pas bien écrire dans le vide...

Et peut-être ai-je trouvé la réponse au coma... Je ne peux pas jeter mes mots au néant....