Matin égocentrique
(La suite des festivités…)
Je n'ai pratiquement pas dormi de la nuit précédant mon anniversaire. Pour plein de raisons : pensées, petits bobos et autres. Phényléthylamine.... Une belle insomnie qui m'a fait me lever (enfin !) à 5h30 pour me préparer une tisane dans l'espoir de profiter des 4 heures qui me restaient pour roupiller un peu... J'ai même sorti mon livre d'histoire ! Vous savez, celui dans lequel je m'endors des après-midi complets... Mais un coup d'oeil à la fenêtre, peu après 6h, a changé mes projets de sommeil : le ciel était rose...
Je me suis habillée et je suis sortie sans bruit. L'air un peu frais, mais le coeur au chaud… un sourire, des plus sincères que j'aie jamais fait, aux lèvres... Et la musique dans mes oreilles qui ne concordait pas avec mes sentiments – trop déprimante ou rebelle ou énergique, alors que je me sentais douce et tranquille, mue d'un bonheur simple et plein – me faisait rire comme une enfant.
Je voulais trouver l’origine du ciel… Saisir ce matin de mes 20 ans. Pas qu’il était si important, simplement qu’il était à moi… Je voulais le garder, le ramener à moi, même en petits fragments discontinus.
Le matin de mes 20 ans, je suis partie pour ma première chasse…
En sortant de chez moi, mes pas ont croisés la veille… Étions-nous restés là si longtemps ? La slush avait eu le temps de geler dans cette forme bien précise que j’avais reconnue tout de suite. En posant mes pieds dans les empreintes de ses roues, je m’étais ré-entendue rire : " IIIIIIH ! Attention, maudit fou ! On va rentrer dans le banc de… Hahahahahahaha… " Les images de la veille me sont revenues….. puis j’ai continué mon chemin.
Je ne savais pas trop où j’allais. Je suivais le soleil, un petit boîtier gris métallique à la main, regardant partout autour de moi pour tout voir, tout entendre, tout sentir… Je capturais de temps à autre un nuage, une couleur, un paysage de banlieue qu’en 20 ans je n’avais jamais vu. J’imprimais mon matin sur pellicule pour un simple clic!… Je prenais des sentiers inconnus, des raccourcis peut-être interdits. J’allais même jusqu’à me promener au beau milieu de la rue pour " une belle diagonale "… J’étais seule, j’avais tous les droits.
Les couleurs du ciel m’ont menée jusqu’au tracel (Zia’s little prayer : Please God, let this picture be as perfect as it should ! Think of this as Heaven free advertising… ? Pleeeease !) (Oh and by the way, God, I even photographed the church and had a lot of trouble just to get there… And I’m not even talking about the belfry ! Isn’t that a good point for me, huh ? Huh ? Won’t you bless the damn film roll ?!!) et à la plage Jacques-Cartier.
Clic! encore… Des dizaines de clic! ! Pour saisir le soleil encore tout sommeil et le fleuve gelé qui craquait de partout… Mais quand le vent glacé s’est mis à s’immiscer dans mes os et me rappeler l’heure qu’il était, j’ai bien dû rebrousser chemin vers la maison.
Peu avant 8h, j’ai pris la rue Provancher, qui pour l’occasion avait des airs de village qui s’éveille. Et le soleil maintenant pleinement réveillé, lui, avait grimpé dans son ciel pour réchauffer mon dos jusque chez moi. J’ai marché longtemps, en souriant, en chantant partout, seule dans mon monde et tellement bien.
Devant l’entrée, je me suis attardée dans les traces de pneus de l’auto de Félix. Et en rentrant chez moi, le matin de mes 20 ans, j’ai réalisé que j’étais heureuse…..
Puis je me suis heurtée à un discours incompréhensible, des arguments insensés à grand renfort de " schizophrénie ", " ton cousin Chris ", " 20 ans "… Des inquiétudes de mère. Irraisonnées, donc irraisonnables… Pauvre maman…
Maman, maman…
Pourquoi as-tu si peur quand ta fille est heureuse ?
Ne me reproche rien… Celui-là, c’était mon petit matin égocentrique…
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